Ça m’a pris en 2016, une période compliquée au niveau de ma santé et de ma vie personnelle. Je cherchais à casser la routine et à mettre un peu plus de folie et de fun dans mon quotidien. Je connaissais déjà le principe de la Bucket List, cette suite de choses à réaliser dans sa vie, mais ça ne résonnait pas complètement en moi à ce moment précis de ma vie. J’ai alors compris qu’il fallait que j’ajoute directement de l’adrénaline dans cette liste et m’en servir pour affronter mes peurs.
Le projet Hello Fears
C’est tout à fait par hasard, au fil de mes clics sur le web et les réseaux sociaux, que j’ai découvert Michelle Poller et son projet Hello Fears. Pendant ses études à la School of Visual Arts de New York, un de ses professeurs lui a demandé de faire vivre un projet artistique durant 100 jours consécutifs : c’est ainsi que 100dayswithoutfear est né et que Michelle a créé son approche autour de la peur. Coincée dans une vie où elle esquivait le moindre risque, elle a listé toutes les choses qui lui faisaient peur… et les a réalisés. Elle a donc dansé dans la rue, posé nue pour un cours de dessin, plongé avec des requins mais aussi pris sa première cuite ou porté des talons hauts toute une journée. Un mélange de choses simples et de défis plus salés, à l’image de la vie dans toutes sa complexité.
J’ai les larmes aux yeux à chaque fois que je visionne une de ces vidéos car je ressens l’adrénaline, la force, la persévérance et le courage que lui ont demandés chacun de ces gestes. La joie aussi de se dire « je l’ai fait, je suis fière de moi ». Pour la petite histoire, Michelle a depuis créé l’entreprise Hello Fears et elle donne des conférences à travers le monde pour partager son expérience, prouver aux gens que c’est l’émotion rattachée à la peur, au jugement ou à l’échec qui nous empêche de tenter le coup et non l’acte en lui-même.
Tout ne s’arrête pas à chaque fois qu’on échoue. Essayer et (parfois) se tromper, c’est aussi chausser de nouvelles lunettes qui permettent de voir les obstacles d’une toute autre façon.
Ma liste de peurs
Quelques jours après ma trouvaille Youtube, j’ai pris un carnet et j’ai fait ma propre liste de choses qui me faisaient le plus peur, de la plus bête à la plus farfelue. Toutes ces idées se bousculaient de temps à autre dans un coin de ma tête, avec en écho des phrases comme « c’est ridicule », « tu n’y arrivera pas » ou « es-tu sûre que ce soit le bon choix ? ». Je me suis retrouvée avec une liste de 50 peurs à réaliser dans l’année. Pas de défis quotidiens, pas de pression non plus. Mon but n’était pas de me rajouter une énième to-do list alors que je galérais déjà à y voir clair dans ma vie. Le but n’était pas non plus de me prouver que je suis bien la réincarnation de Wonderwoman mais bien d’ajouter du piment dans ma vie, de reprendre confiance en moi, savoir que j’étais capable de sortir de ma zone de confort et que j’en avais effectivement le courage. J’ai ainsi mis la création de ce blog dans la liste, une plongée en bouteille au milieu de l’océan, chanter sur scène, devenir sophrologue, écrire une lettre d’amour, aller chercher au fond de moi qui je suis vraiment et l’assumer, etc.
Bilan : je n’ai pas réalisé toutes les peurs de ma liste en 2016 mais j’ai osé en affronter (ou surmonter) quelques-unes et ça m’a fait un bien fou. Je continue ce défi au long cours : j’ai simplement reporté les peurs qui n’ont pas été dépassées sur l’année suivante, je les modifie, j’en note de nouvelles, parce que je change au gré de ces expériences et qu’il est important de prendre ces nouveaux aspects de moi en compte.
Affronter mes peurs est l’objectif que je me fixe, vivre cette expérience l’apprentissage que j’en retire. J’ose parler à mes tripes et leur dire que même si on aime bien la tranquillité, ajouter un peu de frisson à l’occasion, c’est se sentir vivant et se découvrir capable. C’est profiter de l’instant présent, se jouer des circonstances et prouver sa valeur dans un monde où on essaye constamment de nous faire rentrer dans le rang pour faire le moins de vague possible. Un monde où l’on se sert de la peur pour étriquer l’esprit des gens et leur faire croire que la routine, c’est le risque zéro.
Spoiler : ce n’est pas comme ça qu’on avance. 😉
Spoiler bis : être en vie est un risque constant et on finit tous au même endroit lorsque celle-ci se termine.
La zone de confort
Mais, me direz-vous, pourquoi est-ce plus attirant de se lover dans son canapé après sa journée de travail et de lancer un DVD en boulottant des chips que de se mettre à apprendre le mandarin ? Pourquoi nos réflexes psychologiques s’axent-ils surtout sur notre petit confort quotidien plutôt que sur des défis d’envergure ? Et pourquoi je dois me faire violence pour aller faire une randonné avec mon mec alors que j’adore lire les exploits de Cheryl Strayed et que je rêve pourtant de faire pareil ?
C’est la Zone de Confort les gars et c’est un sacré piège bien douillet dont on doit se forcer de sortir pour pouvoir regarder derrière soi et être fier de ce qu’on a accompli. Loin de moi l’idée de vous vendre la méthode du Miracle Morning et autres « si tu te reposes, tu es un faible ». Le culte de la productivité à tout prix m’a tout d’abord fait angoisser sur l’utilité de ma vie. Puis j’ai compris que le bonheur ne s’y cachait pas (en tout cas pas pour moi). Mes grasses matinées sont bien trop précieuses pour ma survie sur cette Terre et je milite pour que la douceur de vivre dicte mon quotidien. Même s’il est nécessaire parfois se mettre des coups de pieds aux fesses car on n’a rien sans rien. Et certains de nos rêves méritent qu’on s’en donne la peine.
Le problème, c’est que quand on est pile poil dans sa zone de confort, avec un travail qui ronronne, un chéri fidèle et aimant, un chien qui ne perd pas ses poils et le cours de zumba le jeudi à 19h tapantes, ON N’A PAS ENVIE QUE CA CHANGE ! Seulement, c’est quand on quitte cette zone qu’il se passe des choses qui nous sortent de la routine. Et cette chère routine qu’on aime tous, moi y compris, elle ne nous défiera jamais, elle ne nous apprendra pas grand-chose et elle risque au final d’éteindre toutes les petites flammes qui se sont allumées en nous dès qu’on a commencé à exister.
Peurs VS Motivation
Si je vous bassine avec la zone de confort, c’est pour de très bonnes raisons. On peut aimer sa vie tranquille, mais on peut aussi avoir envie de laisser une petite trace de soi dans le monde, juste assez pour être satisfait de notre passage sur Terre. Hélas, ce sont nos peurs qui nous freinent – et parfois celles des autres. Qui n’a jamais demandé l’avis de ses proches sur une décision à prendre ou un voyage à mener et été pris de panique en recevant les peurs des autres en retour ? Si les conseils peuvent être précieux, il ne faut pas se laisser influencer par les peurs des autres mais comprendre ses propres craintes, pourquoi elles existent, pour ensuite essayer de les régler. Dans quel but ? Développer sa confiance en soi, prendre conscience de ce qu’on est capable d’accomplir et laisser notre créativité gonfler comme une voile.
Fermez les yeux et souvenez-vous de quand vous étiez enfant : qu’est-ce qui vous freinait dans vos envies ? Dans mon cas, pas grand-chose, à part l’autorité parentale. Je prenais mon vélo pour aller galoper en forêt avec mes cousins, je sautais à pieds joints dans les rivières, je prenais à pleines mains araignées et vers de terre. Je voulais lire tous les livres, être chanteuse-vétérinaire et parler aux oiseaux. Retour à la réalité, je réalise que beaucoup de ces habitudes et de ses envies ont été enterrées par le sérieux de la vie d’adulte. Où est passé la légèreté d’antan où la simple question qui me taraudait était « comment vais-je m’amuser aujourd’hui » ? Pas dans la zone de confort !
A nous de repousser les limites de notre zone de confort, de renouer avec notre « zone de panique » et de la transformer en « zone magique ». Car la peur d’aujourd’hui, si on l’apprivoise, peut faire partie de notre zone de confort demain. Et les possibilités imaginables sont alors illimités.
Il y aura des peurs qui resteront des peurs ou des choses qu’on aimera définitivement pas (il faudra me payer très cher pour refaire de la plongée) mais on aura au moins eu l’audace d’essayer (et de ne pas regretter).
Expérimenter – Comprendre – Apprendre : 3 mots pour définir cette expérience de réalisation des peurs. 3 mots pour être fier de soi.
Je n’en suis pas capable (alors que si)
Les mots que je viens de vous écrire sont bien jolis mais quand on se trouve dans une situation qui est à nos yeux inextricable, on peut rapidement se dire « elle est bien gentille avec ses belles idées mais c’est plus compliqué dans mon cas. ». Évidemment, quitter un travail pénible ou ennuyeux sans plan B pour faire ses courses, vouloir fuir un mari qu’on ne reconnaît plus ou faire face à une maladie sont autant de choses qui nous poussent à rester là où nous sommes. Parce que nos croyances sont limitantes et qu’on a l’impression que changer rien qu’un détail de notre vie actuelle la fera voler en éclats. Je ne peux pas vous dire d’avance ce qui se passera. Moi-même, je suis souvent surprise de ce que mes propres choix amènent dans ma vie : le résultat est rarement celui que j’avais imaginé mais il est encore plus rarement négatif ou désastreux.
Tout ça pour dire que votre esprit crée un monstre avec vos craintes mais qu’en vérité, vous êtes maîtres de lui faire la peau pour aller de l’avant. Entamer une demande de formation, consulter un thérapeute, vous documenter sur un sujet précis, vous inscrire à un cours de poterie, etc. Chaque graine que l’on sème permet d’élargir notre horizon.
Je me souviens de la première fois que j’ai fait un cours de yoga. J’ai peiné sur chaque posture en regardant du coin de l’œil tous ces gens très souples qui entamaient le mouvement en même temps que la prof. Je me sentais nulle, godiche, pas à ma place. J’ai continué à aller de cours en cours, puis à m’inscrire régulièrement, puis à faire quelques séances particulières, puis à lire sur le sujet, puis à pratiquer à la maison… A chaque fois que je me mets sur mon tapis, je renoue avec mon corps mais aussi avec mon esprit. J’essaye de m’inculquer les valeurs du yoga, en dehors de toute croyance extérieure à moi-même, je modèle, je teste, j’applique. Désormais, je suis une yogini acharnée et quand je zappe ma pratique personnelle du matin (15 minutes montre en main, le sommeil avant tout, hein !), je me sens mal et mon corps n’est pas d’accord. Ce qui est marrant, c’est que je suis loin d’être la plus douée, il y a plein de postures que je n’arrive pas à faire, mon corps est récalcitrant, mais je ne me considère plus comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Je me suis approprié la discipline, j’en fais ce que j’en veux/peux et j’apprends chaque jour un peu plus.
Tout ça pour vous dire que chaque petit geste en dehors de vos habitudes vous mènera ailleurs, un ailleurs qui vous permettra de découvrir qui vous êtes et ce que vous désirez profondément. Ce ne sera pas facile à chaque fois, ce sera régulièrement décourageant mais ce sera autant de tentatives pour ajouter des couleurs à votre quotidien.
Et rappelez-vous que si vous ne prenez pas la décision d’apporter du changement dans votre vie, vous prenez le risque que quelqu’un d’autre vous l’impose un jour.
Et vous, comment arrivez-vous à apporter un peu de nouveauté dans votre quotidien ?
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Michelle Poller
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6 Commentaires
C’est encore un très bel article tout à fait juste et dans lequel je me retrouve totalement.
Je suis moi même dans cette situation où je m’empêche sans cesse de faire certaines choses par peur.
Mais je suis prête à essayer…Je vais donc établir une liste de mes peurs et tenter, sans aucune pression, de les réaliser !!
Merci à toi !!
Ca vaut le coup. En ce moment, je n’en réalise pas assez, je vais m’y remettre pour apporter une autre énergie, une dont j’ai besoin, celle du frisson et de l’inconnu. Il y a des jours où on souhaite le confort et d’autres où il faut se bouger les fesses. ^^
Merci pour ce très bon article, juste et inspirant. Une façon de voir la vie différemment et d’avancer concrètement. Et pile poil en réponse à mes interrogations du moment. Encore merci à toi.
Ravie d’avoir pu faire écho !
[…] donc pu cocher avec fierté un item de ma liste de peurs : adopter un […]
[…] m’a « sauvé la vie ». Je veux dire que l’histoire me parle tellement que j’en viens à réfléchir à ma propre existence, à prendre du recul sur les choses de la vie, à comprendre pourquoi j’ai vécu telle […]