Depuis que je suis née, je suis passionnée par les animaux. Quand je replonge le nez dans mon enfance, je me vois essayer de parler aux oiseaux ou de repérer un mulot ou une taupe dans le jardin. J’ai passé ma petite enfance à attraper tous les insectes imaginables pour leur construire des maisons avec mes accessoires de poupées, au grand désespoir de ma mère qui me voyait ramener fourmis et autres escargots dans toute la maison. Mon rêve, c’était de devenir vétérinaire (avant de comprendre qu’il fallait être super forte en sciences et que ça ne consistait pas uniquement à leur faire des papouilles…). J’étais abonnée à plein de revues sur la nature et je débitais des tas de données sur les dauphins et les chouettes effraies à qui voulait bien m’écouter. Je m’étais promis une fois adulte d’avoir un tas d’animaux chez moi : chinchillas, lapins, cheval (mon rêve ultime), etc… Nous avions des animaux à la maison, mais malheureusement, notre domicile était situé face à une route nationale : la destinée de nos 4 pattes fut de nombreuses fois funestes et les pertes trop pénibles pour insister. A la place, j’ai supplié ma mère d’avoir un petit lapin nain, tout mignon. J’ai réussi à la convaincre, le lapin nain de l’animalerie est devenu un gros pépère pas très épris de liberté malgré sa cage ouverte et il a été un super compagnon pendant 9 ans (un record !).
Et puis la vie a repris son cours, j’ai étudié, déménagé, je suis partie vivre à l’étranger et en devenant adulte, j’ai changé de lunettes, j’ai pris de la distance avec ma passion d’enfant et j’ai plutôt vu les inconvénients à adopter un compagnon que les avantages.
Endosser le poids de la responsabilité
J’aime ma liberté plus que tout au monde. Là où je me sens le mieux, c’est quand je sens que tout est possible, que je peux changer d’avis du jour au lendemain, que le chemin devant moi offre de nombreuses possibilités. Avec cette philosophie, il me paraissait impossible de prendre la responsabilité d’un animal : le temps à lui accorder, l’alimentation, comment gérer lorsque je suis absente, et s’il tombe malade, comment m’en occuper, financer les soins, etc… J’ai aussi beaucoup de mal à demander de l’aide à quelqu’un, je préfère me débrouiller seule que d’être redevable. Je me voyais donc devoir supplier mes voisins ou mes copains de garder mon animal, le temps que j’aille crapahuter aux 4 coins du monde et cette idée me mettait mal à l’aise.
Je me suis aussi beaucoup posé la question de l’éthique, par rapport à l’achat d’un animal et à sa liberté. J’adore les lapins nains, je les trouve adorable mais pour moi, ils doivent pouvoir s’ébattre en toute liberté (et ruiner ton appart comme bon leur semble). Je ne veux plus d’animaux constamment en cage ou en aquarium, dans mon esprit, ils n’ont rien à faire entre « 4 murs ». Se pose aussi la question de l’achat ou de l’adoption : je préfère désormais nettement adopter un animal abandonné plutôt que d’entretenir le commerce d’êtres vivants (même si un chiot ou un chaton, c’est très mignon). Mais l’adoption est plus compliquée : il faut savoir faire face à un animal qui a déjà un caractère bien affirmé, s’adapter à ses besoins, etc…
Autre point important : l’inquiétude ! J’ai beaucoup travaillé sur mes angoisses mais c’est dans mon tempérament, je m’inquiète de savoir si tout va bien se passer. Alors un animal qui ne parle pas le même langage, comment savoir si un truc cloche ?
Autant vous dire que tous ces arguments ne m’ont pas poussé à envisager de rompre ma solitude avec un animal et je me contentais d’abreuver de câlins les chats, chiens et autres poissons rouges que possède mon entourage. Et puis, un jour, un animal m’a choisi… Je rentrais tranquillement chez moi quand un beau chat tigré a sauté sur mon capot encore chaud et m’a suivi jusque chez moi. Il a sauté dans la baignoire et je l’ai laissé boire au robinet, puis il est reparti comme il était venu, me laissant sous le charme. C’est ainsi que j’ai rencontré Tao.
Choix « imposé »
Tao est revenu régulièrement, tellement régulièrement que j’ai fini par lui donner un peu à manger et à boire, ne sachant pas trop à qui il appartenait. Il a pris ses habitudes, dormait sur un coussin du salon qui est rapidement devenu le sien. Il passait de plus en plus de temps chez moi. Quand je partais pendant plusieurs jours, il accourait dès mon retour pour avoir sa dose de caresses. J’étais aux anges : j’avais tous les avantages d’avoir un chat sans en gérer les inconvénients. Il était propre et bien nourri, j’en ai déduit qu’il avait d’autres maîtres, mais je n’ai pas cherché plus loin.
Un jour, Tao est revenu amoché et trempé jusqu’aux os. J’ai paniqué en ayant cru qu’il s’était fait renverser par une voiture et j’ai couru chez le vétérinaire qui m’a alors révélé son prénom et l’identité de son propriétaire (note : le chat n’avait rien, il s’était sûrement pris une rouste par un autre matou du quartier). Je suis donc allé voir son maître qui vivait à 100 mètres de chez moi. J’ai appris que ce petit malin de chat avait déserté la famille quand celle-ci a adopté un autre de ses congénères, que Tao refusait la concurrence et qu’il faisait un peu partie du décor de la résidence, tout le monde le connaissait et s’en occupait plus ou moins.
C’est le plus ou moins qui m’a fait réfléchir… D’une part parce que ce chat passait 80% de ses journées chez moi. D’autre part, parce que j’avais du plusieurs fois le traiter contre les parasites et que je voulais être certaine que quelqu’un veillait sérieusement à sa santé. « Le chat du quartier » bénéficiait-il d’un vrai suivi médical ? Quelqu’un veillait-il sur lui en dehors de caresses et quelques croquettes ? En grande justicière, j’ai décrété solennellement que j’en prenais la responsabilité.
Voilà comment je n’ai pas choisi d’avoir un chat. C’est le chat qui m’a choisi, qui m’a apprivoisé jour après jour, qui m’a enjôlé avec ses ronrons et ses coups de tête quand il veut une caresse ou à manger (sa passion). Un beau gros chat tigré comme j’en rêvais avec des yeux verts qui brillent de malice. Une peluche sur pattes qui accepte sans sourciller qu’on lui papouille le ventre. C’est cette douceur et cet amour qui m’a convaincue au fil du temps d’endosser un peu de la responsabilité de son maître.

La classe en toute circonstance ^^
L’adoption du félin
Cette situation me convenait très bien : je prenais soin de mon félin mais je pouvais vaquer à mes occupations car je savais qu’en mon absence, il irait se réfugier ailleurs, chez d’autres habitants de la résidence. Ma vie suivant son cours, j’ai dû déménager pour aller vivre avec mon amoureux et la question de l’adoption s’est vite posée. D’un côté, je ne voulais pas « voler » l’animal à son maître même si Tao n’allait quasiment plus le voir. Je ne souhaitais pas non plus le perturber en le changeant de lieu de vie. De l’autre, toujours les mêmes questions, qui va s’en occuper à long terme, est-ce qu’il sera bien soigné, etc… La peur au ventre, j’ai pris RDV avec son maître pour lui expliquer ma démarche et lui demander son accord pour le changement de propriétaire. A mon grand soulagement, il a accepté, avec la condition que son nouveau territoire soit similaire à l’actuel : de l’espace sans trop de circulation pour qu’il puisse gambader en toute sécurité.
J’ai attendu quelques semaines après notre emménagement, pour évaluer si Tao pouvait être heureux (avec un petit retour en arrière sur l’angoisse et le poids de la responsabilité, la gestion du chat pendant nos absences, etc…). J’avais peur qu’il soit embêté par les quelques chiens qui vivent autour mais de nombreux chats déambulaient dans le quartier et j’ai estimé que le danger était minime. Autre très bonne raison : il me manquait trop, j’avais l’impression de le voir à chaque coin de porte. Je suis donc allée le chercher pendant un long week-end d’été, après un trajet très rocambolesque à base de nombreux miaulements (Tao déteste la voiture, ça le terrorise). Après 3 jours à le garder enfermé, j’ai cédé et j’ai ouvert au petit baroudeur des jardins qui miaulait plaintivement en regardant dehors. Il a fini par s’acclimater au quartier, un peu moins aux nombreux autres chats car il est bonne pâte et il se défend rarement quand les plus jeunes viennent jouer ou l’embêter. Après quelques semaines d’adaption, j’ai validé le test et fait changer l’identité du propriétaire sur sa puce électronique (la démarche est très simple et vous pouvez la trouver ici) : je suis devenue officiellement sa maîtresse, endossant toutes les responsabilités qui m’incombent. Il a donc attendu bien sagement que tout soit officiel pour se planter une griffe profondément dans la patte avec infection à la clé et décider qu’il repeindrai la voiture et son pelage à chaque trajet chez le vétérinaire. J’ai parfois envie de l’étrangler quand il miaule pour sortir à 4h du matin alors qu’il a une litière à disposition, ou qu’il persiste à venir s’allonger sur le seul fauteuil qui lui est interdit. Mais pour rien au monde je ne changerai l’histoire :
Ce chat m’a délibérément adopté, j’ai appelé un compagnon inconsciemment et il est venu remplir un morceau de ma vie.
Je bénéficie désormais d’un thérapeute en ronronthérapie à domicile et malgré les inconvénients, c’est un vrai bonheur de commencer sa journée avec les caresses et les ronronnements de contentement de mon tigre (mais ça vient toujours après les croquettes, il y a de priorités dans la vie).
J’ai donc pu cocher avec fierté un item de ma liste de peurs : adopter un chat.
Une dose de ronronthérapie ?
Parce que c’est ce que j’aime le plus dans l’idée d’avoir un animal : les câlins, les ronrons, la tendresse, l’amour sans équivoque. Cette idée s’applique en général plus aux chiens qu’aux chats mais si vous êtes celui qui distribue la pâtée, alors vous avez de grandes chances d’être l’élu (même si de nombreux chats ont des personnalités très marquées par l’indépendance totale envers les humains).
Depuis que Tao est entré dans ma vie, je profite des effets bénéfiques de la ronronthérapie : je lui gratte les oreilles pour mettre le moteur en route et je le cale contre moi. Dans les moments où j’ai le plus besoin de me ressourcer, je colle carrément mon visage contre son ventre pour laisser le son remplir ma tête. Ça me réconforte et ça m’apaise. Il a d’ailleurs été prouvé que le ronronnement aide à diminuer le stress, aide à guérir des blessures ou des maladies et aide même à se remettre du jetlag. Jean-Yves Gauchet, le papa de la ronronthérapie, explique que « écouter ce doux bruit entraîne une production de sérotonine, l’« hormone du bonheur », impliquée dans la qualité de notre sommeil et de notre humeur. » Les chats utilisent ce procédé pour d’auto-guérir et en font bénéficier leur(s) maître(s) par la même occasion. Mais ne croyez pas que Tao soit sensible à mes états d’âme. Il a sûrement remarqué, tout comme ses congénères, que plus son humain est content, mieux il s’occupe de lui. 😉
7 Commentaires
Très jolie histoire.
Zétoune aussi détestait la voiture et décorait sa boîte de transport …
Je ne sais pas si on peut appeler cela adopter mais on l’a recueilli de la rue quand elle avait 4 mois environ.
Elle nous a quitté 17 ans plus tard.
Maintenant on rêve presque qu’un chat tombe du ciel dans notre jardin.
En tout cas je me suis abonnée à des tas de pages d’associations en vue d’adopter un nouveau chat. Le plus compliqué est qu’il faut qu’il plaise à toute la famille, soit 5 personnes et qu’il nous adopte aussi de son côté.
C’est important que l’animal soit accueilli par toute la famille mais je ne me fais pas de soucis, à force de chercher, vous allez trouver et tout le monde l’adoptera.
Une petite pensée pour Zétoune, ça a pas du être facile de lui dire au revoir après 17 ans.
Je me retrouve beaucoup dans ton post…
J’ai grandi avec beaucoup d’animaux (chiens, chats, lapins, rats, souris, cochon d’inde, chevaux, chèvres venus seuls ou via la SPA) que j’ai dû quitter une fois ma vie étudiante venue ! Etudiante, j’ai refusé de prendre un chat. J’étais dans un appartement, cela aurait été égoiste. Aujourd’hui dans la vie active, je suis encore en appartement et je passe de ville en ville, sans me poser véritablement. Pourtant avoir un animal de compagnie me démange de plus en plus. Si l’occasion se présentait comme toi et Tao, je l’accueillerai avec grand plaisir. Pour l’heure, je préfère repousser et attendre un meilleur moment 🙂
A bientôt,
Line
https://la-parenthese-psy.com/
Comme je te comprends, c’est un choix difficile entre sa vie active et le besoin d’avoir un compagnon. Prends le temps qu’il faut, ton animal arrivera pile quand tu en auras besoin. 😀
Me concernant, mes parents ont toujours eu un chat. C’est simple, j’ai 32 ans et je n’ai jamais vécu sans un chat. Les responsabilités, vis à vis d’un chat, ne me font pas peur et puisque je suis plutôt casaniere, pas besoin de sonner à la porte de mon voisin pour le faire garder. Et puis mon grand bonheur c’est quand cette boule de poil vient se coller à moi pour réclamer ses câlins et ronronner!! 😍😍😍
Je suis de plus en plus casanière donc le problème se pose moins, effectivement. 😀
[…] et j’ai pu m’en donner à cœur joie et profiter de leurs ronrons (et me rendre compte que mon chat à moi me manquait grave). Après 15 minutes, j’avais mon thé fumant sur la table, une petite tête de […]